Allergie et intolérance alimentaire…. Un sujet allergène

Comment se fait-il qu’un aliment nourrisse certains et rende d’autres malades ? Que l’on constate une augmentation constante, notamment chez les enfants, de personnes malades d’avoir ingéré un aliment donné ? Souffrent-ils d’allergies ou bien d’intolérances alimentaires ?

Il est bon de noter que la fréquence des troubles liés aux allergies a fortement augmenté dans la population depuis 30 ans : 40 % à 50 % de la population des pays industrialisés souffrent d’allergies ; 10% à 20% de la population est concernée par le rhume des foins (rhinite allergique) tandis que les troubles en lien avec les allergies aux acariens concernent 10% de la population française ; la maladie cœliaque concerne 1 % de la population, les allergies de type 1, entre 4 % d’adultes et 8 % d’enfants, et l’hypersensibilité et l’intolérance alimentaires, pas moins de 35 %.

Commençons par définir les trois réactions (l’allergie, l’hypersensibilité, l’intolérance) entraînant des symptômes plus ou moins graves, par suite d’une ingestion alimentaire.

LES ALLERGIES ALIMENTAIRES

L’allergie alimentaire, aussi appelée type 1, se déclenche quand un aliment protéique avalé est considéré par le système immunitaire comme un ennemi, avec production d’anticorps dans le but de neutraliser « l’envahisseur »: il est reconnu comme étant du « non-soi ». La réponse est immédiate ou presque : de quelques secondes à 30 minutes.

Les allergies impliquent toujours à la différence des intolérances une réaction excessive du système immunitaire (système de défense) face à l’aliment incriminé en libérant des substances inflammatoires (l’histamine, la plus connue, entre autres).

La manifestation va de l’œdème au choc anaphylactique en passant par toutes sortes de réactions respiratoires, oculaires, cutanées ou digestives.

Les allergènes les plus fréquents sont :

parmi les allergènes aériens : le pollen, les déjections des acariens et les squames des animaux domestiques ;

parmi les allergènes alimentaires : les arachides, le lait de vache, les oeufs, le blé, le soja (soya), les noix, le sésame, les poissons, les crustacés et les sulfites (un agent de conservation) ;

autres allergènes : des médicaments, le latex, le venin d’insectes (abeilles, guêpes, bourdons, frelons).

L’allergie de type 1 est, certes, la plus grave, mais elle n’est pas la seule réaction défensive de l’organisme face à une ingestion alimentaire. Il existe un autre type d’allergie, désignée depuis peu, et pour une meilleure compréhension, par le terme « hypersensibilité ».

 

L’HYPERSENSIBILITÉ ALIMENTAIRE

Tout comme l’allergie alimentaire, l’hypersensibilité alimentaire (HSA) est une réaction immunitaire inappropriée ou activation anormale du système immunitaire envers certains aliments, notamment les plus inflammatoires : la protéine du blé, le gluten, et celle du lait, la caséine.

Les symptômes sont beaucoup plus vagues, plus sournois, d’où une plus grande difficulté à diagnostiquer une HSA :

maladies infectieuses ORL chroniques : otite séreuse, rhinite, sinusite, fragilité bronchique, asthme…

troubles digestifs : ballonnements, gaz, colites, constipations ou diarrhées chroniques…

pathologies cutanées : eczéma, acnés, psoriasis, démangeaisons, peau sèche, rougeurs…

pathologies articulaires ou musculaires, voire arthrite,

pathologies neurologiques : migraines, maux de tête, vertiges, somnolence, jusqu’à des signes dépressifs ou des problèmes d’hyperactivité, ou encore fibromyalgie, autisme…

maladies auto-immunes, etc.

HSA : une maladie sans risque vital mais handicapante

Autrement dit, des maladies qui n’entraînent pas la mort, mais qui restent graves et surtout handicapantes.

 

LES INTOLÉRANCES ALIMENTAIRES

Les intolérances alimentaires ne sont pas des allergies, mais une malabsorption. Elles n’entraînent pas de réaction immunitaire, mais enzymatique.

La réaction arrive après 30 minutes et jusqu’à environ 2 heures après ingestion. Elle peut aussi s’inscrire dans la durée si le ou les aliments sont consommés régulièrement. La réaction peut également être progressive en cas d’hyperperméabilité intestinale. Quant aux symptômes, ils sont essentiellement digestifs ainsi qu’une difficulté à « traiter » l’aliment en cause : Soit du fait d’une absence totale individuelle de l’enzyme nécessaire (exemple la lactase pour dégrader le lactose), soit d’une insuffisance de production de l’enzyme. Dans ce cas, l’aliment pourra être toléré en petites quantités (intérêt de l’éviction complète durant quelques semaines puis de réintroduction progressive afin de déterminer le seuil individuel de tolérance).

Les intolérances peuvent varier chez une même personne au cours du temps en fonction de l’équilibre de sa flore intestinale et donc de la perméabilité de sa membrane intestinale. Ainsi le problème est plus la réponse à l’aliment que l’aliment lui-même.

Deux grandes catégories :

Les FODMAP ou sucres fermentescibles (dont le lactose fait partie) sont des sources fréquentes d’intolérance.

Réactions à l’histamine ou la tyramine. Ces substances naturellement produites par le corps lors d’états inflammatoires (trop de feu), sont aussi présentes dans de nombreux aliments (exemple : vin rouge, fromages, gruyère, thon, fraises, tomates …). Une faible consommation de ces aliments peut ne pas entraîner de réaction mais selon la composition du repas et les personnes, une quantité plus importante pourra entraîner des symptômes tels douleurs digestives, rougeurs de la peau, des démangeaisons ou encore gêne respiratoire…

Remarque : Bien que les intolérances n’activent pas directement le système immunitaire, l’irritation répétée de la membrane intestinale va en altérer sa perméabilité (sa capacité de filtration) ce qui va aboutir au passage d’aliments mal digérés. Ce phénomène va déclencher la production d’anticorps et de complexes antigènes-anticorps favorisant les problèmes inflammatoires et les maladies auto-immunes.

 

Les intolérances alimentaires couvrent une large gamme de réponses physiologiques associées à des aliments particuliers. À la différence de l’allergie alimentaire, elle implique le métabolisme, mais pas le système immunitaire. Les aliments qui provoquent des intolérances sont moins évidents à identifier que ceux qui provoque un trouble lié à une allergie.

Le gluten est reconnu comme un allergène dont la réaction d’intolérance sert de base au mécanisme de cette maladie. L’ingestion de gluten déclenche une réaction immunitaire qui aboutit à une réaction inflammatoire chronique et atteint les tissus, en particulier du système digestif.

Ces dernières années, l’intolérance au lactose s’est également répandue dans les pays occidentaux. Le lactose est le sucre naturellement produit par le lait, grâce à l’enzyme appelé lactase qui est absorbé dans le sang. Une étude montre que 6 à 10% des français seraient intolérants au lactose.

 

Qu’observe la médecine chinoise…

Le corps humain est constamment confronté à des perturbateurs extérieurs (microbes, bactéries, virus…). On parle de troubles allergiques et d’intolérance lorsque le système immunitaire n’arrive plus à combattre ces perturbateurs.

De ce fait, une intolérance ainsi qu’un trouble allergique sont des dérèglements du système immunitaire résultant d’une perte de tolérance à toutes ces substances nocives.

Selon la médecine chinoise, le corps dispose d’une énergie particulière pour se défendre contre les facteurs pathogènes externes. Celle-ci s’appelle énergie défensive (Wei Qi).

Si elle est faible, la personne à tendance à être sujette aux rhumes, aux grippes, aux infections de l’hiver. Elle aura aussi tendance, selon la conception chinoise, à ne pas défendre harmonieusement le corps contre les acariens, pollens, poussières ou autres poils de chats. Aussi, lorsque l’énergie défensive est faible, les allergies respiratoires ou de contact apparaissent.

Or, d’où provient l’énergie défensive ? Comme l’ensemble des différentes énergies acquises, elle résulte de la transformation des aliments et des boissons opérées par l’énergie de la Rate/Estomac aidé par celle des Reins.

Ainsi, tout ce qui favorise un dysfonctionnement de ces organes, tout ce qui entrave la digestion, tout ce qui empêche une bonne assimilation des nutriments essentiels (énergie, Jing, saveurs.) est susceptible à plus ou moins long terme d’induire ou d’entretenir des réactions allergiques, tel que la rhinite allergique, la dermatite de contact, l’allergie au poil de chat, etc. Bien qu’il puisse exister des constitutions qui favorisent ce type de déséquilibres, le syndrome d’un vide de la Rate et une diététique erronée est l’une des clés fondamentales de ces maladies si difficiles à traiter.

La médecine chinoise nous enseigne que de très nombreuses allergies alimentaires font leur lit sur un vide de Rate qui engendre de l’humidité trouble, de l’humidité chaleur ou des mucosités ou tout ça en même temps. L’intolérance au gluten est typique de ce que provoque une déficience de la Rate. L’ingestion de blé (ou tout autres céréales de la même famille) ou d’un de ses dérivés induit : diarrhée avec présences de glaires, météorisme, fatigue, amaigrissement, hypotonie musculaire.

Comment établir un bilan du « Foyer Médian » et donc de la « Rate » ?

Avant de commencer ce petit questionnaire qui permettra de déterminer l’état de votre « Foyer Médian », posez-vous préalablement les questions suivantes :

Quand les troubles se sont-ils installés (si chronicité) ?

– Où et quand se produisent mes symptômes ?

– Est-ce que quelque chose aggrave mes symptômes ?

– Est-ce que quelque chose améliore mes symptômes ?

– Est-ce que mes troubles s’accompagnent de problèmes digestifs ?

Ces questions nous font déjà prendre conscience des causes éventuelles de nos troubles : facteurs émotionnels (colère, stress, frustrations, anxiété, dépression.), intolérance alimentaire spécifique, faiblesse digestive chronique, régimes carencés, grignotage, mauvaises habitudes alimentaires, etc.

 

Bilan sur l’état de la Rate :   REPONDRE PAR  OUI  –  NON

Manquez-vous d’appétit ?

Etes-vous souvent fatigué après le repas ?

Avez-vous souvent les mains et le nez froids ?

Avez-vous une digestion lente ?

Avez-vous parfois des ballonnements ? Des borborygmes ? des flatulences ?

Avez-vous les selles molles ?

Avez-vous des traces d’aliments non digérés dans les selles ?

Avez-vous des fringales de sucré ?

Préférez-vous boire chaud ?

Avez-vous parfois la bouche pâteuse ?

Avez-vous le teint pâle, terne ?

Prenez-vous facilement du poids ?

Avez-vous parfois les lèvres pâles et/ou froides ?

Avez-vous la tête lourde ?

Avez-vous le sentiment d’avoir perdu le goût des aliments ?

Si vous avez répondu au moins quatre fois « Oui » à ce questionnaire, il est probable qu’il existe chez vous ce que la médecine chinoise regroupe sous le terme « vide de l’énergie de la Rate ». Cette carence sera d’autant plus grande que vous présentez un ou plusieurs des signes supplémentaires suivants :

– essoufflement au moindre effort

– transpiration spontanée au moindre effort

– vertige orthostatique

– ecchymoses au moindre choc

– fatigue

– Œdèmes

– Diarrhées liquides

Ses symptômes ont des causes multiples et variées, mais les plus fréquentes sont : alimentation incorrecte (au vu des principes de la diététique chinoise), surmenage, soucis, maladies chroniques, exposition importante à l’humidité, déficience constitutionnelle, faiblesse de l’énergie des Reins…

Conclusion

Nous assistons actuellement à une augmentation inquiétante du nombre de cas d’allergies sous les formes les plus diverses.

Nous constatons, dans le même temps, un affaiblissement généralisé   des fonctions de la Rate (selon la médecine chinoise) chez la plupart des personnes, avec tout le cortège de déficiences que cela peut entraîner : troubles digestifs, fatigue, déficience immunitaire, rhumes fréquents, prise de poids, ptôse d’organes, hémorragies chroniques, métrorragies, etc.

Ainsi, que les allergies soient respiratoires, de contact ou alimentaire, la Rate détient souvent un rôle central. Il n’est peut-être pas suffisant mais INDISPENSABLE de suivre à la lettre tous les conseils que préconise la diététique chinoise qui visent protéger à la Rate, soutenir le feu digestif, stimuler la digestion et donc favoriser la production d’énergie, de sang, de Jing.

C’est souvent dès le plus jeune âge que les choses se jouent et c’est à ce moment que la diététique revêt un rôle fondamental.

Un nombre trop important d’erreurs sur le plan de l’alimentation chez les tous jeunes enfants est observé : sevrage trop précoce, grignotage, excès d’aliments crus ou « froids », excès de sucreries, de laitages, repas dévitalisés, excès de boissons froides ou de soda à table, etc…

Notons aussi au passage les cures d’antibiotiques à répétition (les antibiotiques sont un « amer très froid » selon la vision de la médecine chinoise) qui lèsent les fonctions de la Rate, laissant l’enfant à chaque fois plus fragile.

Le constat est là : c’est  toute une génération qui est et a été« sacrifiée » sur le plan du « feu digestif » et de l’énergie défensive.

Que faire alors ? Utiliser tous les outils thérapeutiques (acupuncture, phytothérapie, massages, etc.) pour combattre les symptômes de l’allergie et surtout renforcer au mieux le terrain de la personne fragilisée.

Et bien sûr, se prendre en main sur l’aspect alimentaire afin de préserver au mieux son capital santé.

 

 

Références :

– Food Allergy. Olivier CE (2013) Food Allergy. J Aller Ther S3:004. doi : 10.4172/2155-6121.S3-004.

– Allergies alimentaires : État des lieux et propositions d’orientations. Carine DUBUISSON, Sébastien LA VIEILLE, Ambroise MARTIN AFSSA.

– Review article : food hypersensitivity and irritable bowel syndrome. Aliment Pharmacol Ther 2001 ; 15 : 439±449. S. ZAR, D. KUMAR & M. J. BENSON. Department of General Surgery, St George’s Hospital Medical School, London, UK

Richard ZAGORSKI, Thérapeute en MTC – Formateur en diététique énergétique chinoiseCo- auteur (avec P. Sionneau) du livre « La Diététique du Tao »