Nous lisons partout qu’il faut « gérer ses émotions », « maitriser ses émotions », « réguler ses émotions »… Ces injonctions régulières sonnent un peu comme si un énorme monstre se logeait en nous et qu’il fallait le dompter avant qu’il ne nous « bouffe ».
Dès l’enfance, nous remarquons qu’en vivant certaines situations, notre cœur est extrêmement serré, nos larmes coulent, nous avons des envies de tout casser ou encore que nous affichons un immense sourire qui ne veut plus partir… Ces manifestations nous submergent parfois, nous interrogent souvent.
Nous observons ceux qui nous éduquent et nous entourent. Nous prenons (ou pas) exemple. Nous avançons dans la vie et nous apprenons à nous connaitre un tout petit peu mieux. L’âge aidant, nous nous apaisons légèrement voire complètement. Parfois nous consultons un professionnel pour nous aider à gérer, maitriser, réguler nos émotions parce que nous n’avons pas trouvé le mode d’emploi pour que ça ne déborde plus. Pour que notre sinusoïdale émotionnelle réduise son amplitude… Pour que nous nous coulions dans une forme de « normalité » émotionnelle, une modération à toute épreuve.
Et puis un jour, un changement, un évènement, une rencontre amoureuse, une magnifique nouvelle, une victoire personnelle nous envahit d’émotions ! Notre cœur s’emballe et chaque petite cellule de notre corps vibre ! C’est comme un torrent de sensations… Nos sens semblent avoir doublé ou triplé leur capacité ! Et dans ces cas-là, nous nous étonnons de ressentir ce que nous ressentons.
Je dois vous dire que cet article m’a été inspiré par la situation d’une amie à moi. Il y a des années, elle avait rencontré un homme durant ses vacances. Cette escapade charnelle, sans promesse et sans lendemain lui avait redonné accès à ce qui était en sommeil chez elle depuis quelques temps… Je me souviens qu’elle m’avait dit en rentrant « Je me sens vivante ! Je ressens des choses que je n’avais plus ressenties depuis des siècles. Mon corps s’est remis en route ! ».
En repensant à ce qu’elle m’avait dit, j’ai identifié une sorte de paradoxe. D’un côté, gérer, réguler pour se fondre dans la masse (nous avec…) et de l’autre se sentir vivant suite à une déferlante non-maitrisée… Alors quoi ?
Bien que les émotions soient la preuve de notre sensibilité, de notre humanité, l’être humain moderne est face à un paradoxe émotionnel.
La seule voie, selon moi pour s’en sortir est d’accueillir. D’accueillir encore et encore nos émotions, toutes nos émotions. Même les cachées lorsque par exemple nous pleurons alors que nous sommes en colère. Accueillir nous évite les trop nombreuses adaptations nocives que nous mettons en place (les angoisses, les addictions,…).
Accueillir c’est être à l’écoute. C’est re-connaitre qu’il se passe quelque chose et donc : accéder à soi. S’ouvrir à soi et ce à chacun instant. Pas d’anesthésie émotionnelle ni de tsunami émotionnel… Un accueil fidèle de nos émotions permet de nous sentir vivant, de façon quotidienne et non exceptionnelle. A chacun ensuite, d’évaluer la force de ses émotions pour en profiter pleinement ou pour mieux les entendre ou pour les partager ou pour mieux prendre soin de soi…