Le rythme des saisons

Fil de laine, tapis douillet, feu de cheminée, couette chaude et tisane parfumée font de l’hiver un temps privilégié pour établir une relation avec soi-même. C’est la période de l’année où notre corps réclame du repos, de l’attention et l’opportunité de ce retour vers notre centre intérieur, le moi profond. Quel est le rythme des saisons pour notre corps ?

La nature nous en donne l’exemple, tout est au repos… du moins en apparence. Tout semble endormie, figé, certains arbres donnent même l’impression d’être mort. Pourtant, en souterrain, dans la terre, la vie continue. C’est de cette terre que la nature va puiser la force et la vie pour éclore de nouveau dès que la température extérieure le permettra.

Faisant partie de cet écosystème, c’est la même chose pour nous. Notre organisme a besoin lui aussi de repos et de retour vers l’intérieur. Le froid, le vent, la pluie sont une agression qu’il lui faut surmonter pour garder son équilibre vital et sa température. Notre corps puise alors toute son énergie au plus profond de lui-même, en énergétique chinoise, cette énergie se trouve dans l’élément Eau et provient des reins (énergie vitale, le Qi). Cette énergie n’a pas pour but en cette saison de nous mettre dans l’action, mais plutôt de conduire à l’introspection pour nous permettre de faire germer le plus beau en nous.

Malheureusement, pour une majorité d’entre vous, tellement éloignés de cette écoute intérieure, vos habitudes et obligations journalières vous maintiennent perpétuellement dans le « faire », l’action. Alors, vous vous plaignez du temps qu’il fait, de la grisaille que vous voyez à travers vos fenêtres. Cela influe votre moral et petit à petit votre force vitale.

  • Et pourquoi ne décideriez-vous pas aujourd’hui, d’agir différemment ?
  • Si au contraire, pour le début de cette nouvelle année, vous décidiez de remercier la nature ?

Et de vous rappeler qu’il vous faut vous aussi profiter de cette saison pour ralentir le rythme, cesser d’aller et de faire pour revenir et être au centre de vous-même.

C’est le moment de regarder nos parts d’ombres, d’écouter nos envies, bien sûr en corrélation avec nos besoins répondants à l’appel de notre âme. Choisir ou au contraire affronter la compagnie de soi !!

  • Qu’avez-vous à vous dire ?
  • Qu’avez-vous à entendre, que seul le silence et l’écoute profonde peuvent vous raconter…
  • Qu’avez-vous à découvrir en décidant d’entreprendre le voyage vers votre monde intérieur ?

photo cartographie RCLorsque je rencontre Francis, lui aussi n’apprécie pas cette saison, il déprime et souffre beaucoup de son dos. Il reste parfois également des jours avec des migraines. Il a entendu parler de la Réflexologie Plantaire consciente et s’interroge sur le fait que cela puisse l’aider.

Dés son arrivée, il me présente ses maux physiques qui durent depuis bien fort longtemps et m’exprime aussi ressentir de grosses douleurs cervicales et dorsales qui le paralysent dans certains mouvements posturaux. Il se sent diminué et n’a plus le goût de vivre. Ayant été voir plusieurs thérapeutes et « testé » différentes méthodes, il ne me cache pas qu’il a perdu espoir. Pour clore le tout, il n’est que de passage sur la région bordelaise et ne revient pas avant l’été, il ne pourra donc pas revenir rapidement.

A la lecture de son pied, apparaît l’absence du père, l’insécurité affective et surtout aucun ancrage sur ses bases ! La place sur le pied qui représente la mère apparaît de manière sur mesurée et est très sensible au toucher me dit Francis. En lui posant quelques questions, il me répond :

Normal, mon père était absent et quand il rentrait parfois tard, il était violent. Ma mère passait ses nerfs sur moi et je devais toujours rester sur le qui-vive car je pouvais recevoir un coup sans même le voir arriver !…

Ma question a été alors de lui demander pourquoi il se sentait si déprimé ? Et depuis quand ?

J’ai fait ma première déprime, me dit Francis, alors que j’étais étudiant…Je n’avais aucune confiance en moi, j’avais peur des autres. Depuis, je suis un dépressif chronique…

Francis a ancré en lui que tout le monde pouvait être dangereux (car sa mère en qui il avait confiance était pourtant source de danger) et gardé en mémoire que face à l’autorité, mieux valait se figer pour ne pas souffrir (les coups de maman et les mots durs et dévalorisants de son père), son fonctionnement d’enfant est devenu un réflexe de survie.

Résultat, Francis vit perpétuellement dans l’angoisse de faire quelque chose qui puisse être mal et réveiller la colère de l’autre. Par exemple, cela l’amenait à perdre ses moyens quand il avait à prendre la parole en cours, puis ses peurs se sont accentuées lorsqu’il a dû chercher un emploi…

Son corps gardant en mémoire la douleur des coups (la mémoire corporelle), sa nuque et ses épaules ne savaient plus se détendre, ses peurs s’étaient imprimées sur son corps au niveau des lombaires de manière à ce qu’il ne puisse plus faire de mouvements intensifs ou répétitifs. Cela a pris bien des années car son énergie était assez forte pour bouger le corps mais sa mémoire émotionnelle a eu raison d’elle et lui a finit par ne plus pouvoir travailler (ce qui lui évitait à avoir à affronter l’autorité, en l’occurrence son employeur)…Francis a 50 ans. Sa migraine survient dès qu’il doit accomplit quelque chose par lui-même et parfois très simple.

Une fois la compréhension faite de son puzzle familiale, j’ai accompagné Francis pour qu’il puisse renouer le dialogue avec son corps, tout d’abord, par une visualisation guidée. Je l’ai amené à se connecter avec toutes les sensations désagréables ou souffrances qu’il ressentait, pour les évacuer doucement et les remplacer par des sensations de détente, de sécurité et de confiance. Puis en douceur, il est allé au profond de lui-même retrouvé le petit enfant figé dans sa peur. Il lui a parlé, l’a rassuré et l’a amené à parler à ses parents. A la fin de ce voyage intérieur, Francis s’est senti soulagé et moins tendu (ce sont ses mots).

Simultanément, j’ai commencé la séance de réflexologie afin d’éliminer les tensions au niveau du diaphragme, des vertèbres cervicales et de toute la colonne vertébrale. Puis j’ai continué en insistant un peu sur les zones réflexes de la vessie et des reins afin d’aider le corps à se débarrasser des peurs et à vider la poubelle émotionnelle (en l’occurrence sa vessie).

Trois jours plus tard, Francis me rappelle pour me dire que c’est la première fois depuis des années qu’il arrive à faire des nuits complètes, sa migraine a disparu, la nuque est moins douloureuse et le meilleur est qu’il s’est surpris à ne plus sentir la sensation désagréable de vide et de manque de goût de vivre.

Francis s’est fait le cadeau d’aller au fond de lui-même pour regarder les parts d’ombres qui l’empêchaient d’être pleinement épanouie dans ses différents corps : émotionnel, physique et énergétique. Son corps physique gardait en mémoire toutes les souffrances de son enfance. Son corps émotionnel avait gravé des émotions si fortes qu’elles continuaient aujourd’hui encore à lui faire vivre des sentiments comme la dévalorisation, l’angoisse et le rejet. Il était donc la seule personne à pouvoir vraiment savoir et ressentir, ce que l’enfant qu’il était, avait gardé comme souvenir de cette époque et les conséquences sur sa vie d’adulte. Lui seul aussi pouvait parler avec autant de conviction et de précision à cette partie de lui qui criait son traumatisme ainsi qu’à son corps gardien de la mémoire des événements.

A partir de maintenant, peut-être ne verrez-vous plus l’hiver, la couleur du ciel et le mal-être comme quelque chose de si négatif que ça. Pouvez-vous le matin, lorsque vous ouvrirez les volets et regarderez le ciel, remercier cette saison et la vie entière de vous donner le temps de transformer vos parts d’ombres en lumière et fassent de ces moments un cadeau pour tout votre être car vous aurez pris le temps et trouver la volonté de dialoguer avec vous-même.