La précision du diagnostic d’un cancer du sein joue un rôle conséquent dans l’efficacité du protocole thérapeutique mis en œuvre pour lutter contre la maladie et le pronostic de la patiente.
De fait, les stades et les grades tumoraux sont des outils de classification indispensables pour permettre à l’équipe médicale de bien catégoriser un cancer du sein et de prévoir au mieux son évolution.
Cette démarche aide à sélectionner les traitements les mieux adaptés à la maladie diagnostiquée et au profil de la patiente, tout en évitant les thérapies agressives peu indiquées, dont les effets secondaires peuvent grandement nuire à la qualité de vie de la patiente.
Stades et grades du cancer du sein, qu’est-ce que c’est ?
Le stade et le grade d’un cancer sont deux éléments différents visant à déterminer le degré d’évolution de la maladie au moment du diagnostic du cancer du sein et son agressivité, qui permet de prévoir son évolution future.
Ces indications sont essentielles pour permettre au corps médical d’établir un pronostic le plus précis possible, et de déterminer en conséquence le protocole de traitement susceptible d’offrir les meilleurs résultats.
Différents examens peuvent être utilisés pour définir le stade et le grade d’un cancer du sein. L’examen clinique (palpation, observation, recensement des symptômes) précède généralement toute analyse complémentaire.
L’imagerie médicale (mammographie, échographie, IRM) intervient dans un second temps pour mieux localiser la tumeur, évaluer son étendue et rechercher de nouveaux indices sur son stade d’évolution (calcification, hypervascularisation, etc.).
Enfin, un prélèvement des cellules cancéreuses (biopsie) permet d’effectuer une analyse anatomopathologique au microscope visant à définir le type exact de cancer et son grade.
Stades tumoraux du cancer du sein
La classification TNM est le système le plus communément utilisé pour déterminer le stade d’évolution des tumeurs cancéreuses solides, dans le cadre d’un cancer du sein ou de cancer atteignant d’autres organes.
En anglais, « T » signifie Tumor (Tumeur), « N » Nodes (Ganglions Lymphatiques) et « M » Metastasis (Métastases).
Le T permet de décrire la taille de la tumeur principale et son degré d’infiltration, soit si elle a envahi des tissus avoisinants. On classe généralement T de 1 à 4 : plus le chiffre est élevé, plus la tumeur est volumineuse et/ou infiltrée dans l’organe ou les tissus voisins.
Le N permet de décrire la propagation du cancer au niveau des ganglions lymphatiques, soit ceux de l’aisselle dans le cas du cancer du sein. N est classé de 0 à 3, 0 indiquant que le cancer ne s’est pas propagé, 1, 2 et 3 qu’il a atteint plus ou moins de ganglions.
Le M décrit l’évolution du cancer en métastases, soit sa propagation en dehors de son site primitif vers d’autres parties du corps. M0 indique que le cancer ne s’est pas propagé et M1 qu’il existe des métastases.
Les critères TNM sont ensuite croisés, et c’est l’étude de ces trois facteurs mis en perspective qui permet de définir le stade tumoral atteint par la maladie.
Cancer du sein de stade 0
Le stade 0 correspond aux cancers in situ, soit les cancers du sein encore localisés au niveau de leur site primitif, qui n’ont pas atteint les ganglions lymphatiques ni ne se sont métastasés. Il correspond à un Tis (« is » pour in situ), N0 et M0.
Les cellules anormales sont alors encore confinées dans la zone restreinte où elles se sont développées initialement, ce qui peut permettre de privilégier les thérapies locales, moins agressives, et d’opter pour une chirurgie conservatrice.
Cancer du sein de stade I
Le cancer de stade I est similaire au cancer de stade 0, à la différence que la tumeur peut mesurer jusqu’à 2 cm. Sa classification TNM est alors de T1, N0 et M0.
Cancer du sein de stade II
Un cancer est considéré comme au stade II lorsque la tumeur est encore de petite taille (moins de 2 cm), mais qu’il s’est propagé aux ganglions lymphatiques.
Le cancer du sein de stade II peut être divisé en stades IIA et IIB. Dans le premier cas, il s’agit d’une tumeur de moins de 5 cm, envahissant 1 à 3 ganglions axillaires ou les ganglions sentinelles mammaires internes, ce qui correspond à T0, 1 ou 2, N1 et M0.
Dans le second cas, il peut s’agir d’un cancer sans atteintes ganglionnaires ni métastases, dont la taille de la tumeur est supérieure à 2 cm. C’est un T2 ou 3, N0 et M0.
Cancer du sein de stade III
Un cancer du sein de stade III peut prendre différentes formes que l’on distingue dans les stades IIIA, IIIB et IIIC.
Dans le premier cas, la tumeur peut faire n’importe quelle taille, mais a atteint au moins 4 ganglions axillaires ou des ganglions sous-claviculaires, sous-claviculaires ou homolatéraux, ou a envahi l’organe mammaire en profondeur (T1, 2, 3 ou 4, N2 ou 3, M0).
Dans le second cas, la tumeur est de type inflammatoire ou s’est infiltrée aux organes voisins (paroi thoracique ou peau). Le TNM est de T4, N1, 2 ou 3, M0.
Dans le dernier cas, la tumeur fait plus de 5 cm et a envahi entre 1 et 3 ganglions axillaires ou les ganglions sentinelles (T3 ou 4, N1, M0).
Cancer du sein de stade IV
Au stade IV, le cancer s’est propagé dans d’autres parties du corps, généralement les os, le foie, les poumons ou le cerveau.
Les cellules cancéreuses ayant migré dans l’organisme sont appelées métastases, on parle donc de cancer métastatique. L’indice TNM peut contenir tous les T et les N, ainsi qu’un M1.
Les grades tumoraux du cancer du sein
Indépendamment de leur stade d’évolution, tous les cancers du sein n’ont pas la même agressivité et ne seront donc pas amenés à évoluer de la même manière.
L’analyse anatomopathologique de cellules cancéreuses prélevées sur la tumeur de la patiente permet d’étudier au microscope les caractéristiques de la maladie pour déterminer sa gradification.
L’architecture des cellules, l’aspect du noyau et l’activité mitotique sont les trois éléments centraux de cette analyse.
L’activité mitotique, ou nombre de cellules en division dans le prélèvement, permet d’évaluer la vitesse à laquelle la tumeur va évoluer.
L’architecture d’une cellule saine est typique en fonction de son rôle et de sa nature d’origine. Les cellules cancéreuses perdant progressivement leurs fonctions, elles voient leurs architectures se modifier et deviennent alors indifférenciées. Plus les cellules sont indifférenciées, plus le cancer est agressif.
La forme et la taille du noyau cellulaire permettent aussi de mesurer l’agressivité du cancer : plus les noyaux sont gros et de formes variées au sein du même échantillon, plus la maladie risque d’évoluer rapidement.
Chacun de ces 3 critères reçoit une note allant de 1 à 3, et le grade d’un cancer du sein est défini au regard de la somme de ces notes.
Le grade I correspond aux scores allant de 3 à 5, et définit les tumeurs les moins agressives. Le grade II correspond aux scores de 6 et 7, et le grade III, aussi nommé « haut grade », correspond aux tumeurs les plus agressives, avec des scores de 8 ou de 9.
Outre la stadification et gradification des tumeurs cancéreuses, l’analyse anatomopathologique d’une tumeur permet de déterminer le type histologique des cellules maladie, leur éventuelle sensibilité aux hormones, le statut de la protéine HER2, l’indice Ki-67 et le profil d’expression génique de la tumeur.
Si toutes ces informations peuvent sembler anodines, elles vont en fait permettre à l’équipe médicale d’envisager une hormonothérapie ou une immunothérapie si la situation s’y prêtre, ou de privilégier des thérapies radicales quand l’examen anatomopathologique révèle un risque de récidive élevé.
La définition du stade et du grade de chaque cancer s’affirme donc une étape fondamentale du traitement du cancer du sein et un facteur à part entière de sa réussite.
SOURCES : https://www.vivreavec.eu/cancer-du-sein-metastatique/comprendre-la-maladie/stades-et-types-de-cancer-du-sein.html# ; https://www.docteur-eric-sebban.fr/cancer-du-sein/diagnostic-cancer-sein/stades-et-types-de-cancer-du-sein/
Auteur :
Docteur Didier Bourgeois : CHIRURGIEN CANCÉROLOGUE ET GYNÉCOLOGUE
Membre fondateur de l’Institut du Sein Henri Hartmann
Co-fondateur du Centre de Chirurgie de la Femme Paris
Membre de l’Association Française de Chirurgie
Membre de la Société Française de Cancérologie Privée