Les cures détox font les grands titres des magazines et les produits dédiés encombrent les linéaires des parapharmacies et des magasins de santé naturelle. Avant les fêtes de fin d’année, après les fêtes de fin d’année, à l’arrivée du printemps, en préparation du summer body, à l’entrée de l’automne… « Qui n’a pas fait de cure détox à cinquante ans a loupé sa vie » pourrait-on croire 😉 Mais au final, qu’est-ce que la détox ? A tant en parler, ne finirions-nous pas par sombrer dans l’intox ?
Pour une bonne détox, commencez par limiter l’intox-ination !
S’intéresser aux causes autant qu’aux conséquences semble une évidence…bien souvent oubliée. Une bonne détox commence par différencier les toxines des toxiques. Les toxines sont des déchets endogènes (de l’intérieur) issus de notre métabolisme général. Ce sont par exemple des débris cellulaires produits par la dégradation de vitamines, de certaines hormones etc ainsi que par la dégradation de substances alimentaires « normales ». Le simple fait de respirer, de digérer produit des toxines. On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs pour filer la métaphore.
La production de toxines est donc un phénomène physiologique tout à fait normal. Ce sont nos émonctoires, sortes de filtres de notre organisme -foie, reins, intestins, poumons et peau- qui se chargent d’éliminer les déchets endogènes. Ce processus physiologique se trouve perturbé et devient source de potentiels problèmes lorsque notre production de toxines dépasse nos capacités d’élimination.
On parle alors d’intoxination, qui est une accumulation de toxines comme nous venons de le comprendre. Les abus alimentaires, la sédentarité, l’activité physique en excès, le stress, la déshydratation et les pathologies favorisent la surproduction de toxines.
Pour une bonne détox, commencez par limiter l’intox-ication !
Les toxiques, quant à elles, sont des substances exogènes (de l’extérieur) également définies comme des xénobiotiques, terme issu du grec ancien xénobiose signifiant « étranger » et « vie ». Les toxiques ou xénobiotiques sont donc des substances étrangères au fonctionnement normal de notre corps. La nécessité d’empêcher l’entrée de telles molécules dans notre organisme s’impose. La nature étant bien faite, nous disposons de barrières naturelles efficaces (peau et intestin) qui nous préservent d’invasions exogènes.
Malheureusement, il arrive que nos barrières soient prises en défaut et que des molécules délétères parviennent à pénétrer notre organisme. Nos émonctoires seront alors chargés d’éliminer ces substances exogènes, quand bien même ceux-ci sont plutôt « programmés » pour éliminer les toxines, substances endogènes. Nos émonctoires devront ainsi réaliser un travail pour lequel ils sont peu ou mal adaptés.
En effet, la toxicité des xénobiotiques s’explique simplement par l’inadaptation des organismes vivants à tolérer et éliminer ces molécules chimiques, la plupart créées en laboratoire par l’homme à partir des années 50. Et la dose ne fait pas toujours le poison car les xénobiotiques peuvent être toxiques à l’intérieur de notre organisme, y compris par de faibles concentrations.
Pesticides, polluants de l’air et de l’eau, gaz de combustion, médicaments, métaux lourds, molécules aux effets perturbateurs endocriniens, agents conservateurs, additifs et exhausteurs de goût des aliments ultra transformés sont les principales substances toxiques auxquelles nous sommes confrontés au quotidien. Autant dire que les concentrations sont loin d’être minimes !
Tous intoxiqués !
Limiter le contact avec les xénobiotiques s’impose bien que cela reste illusoire. A des degrés divers, nous sommes tous intoxiqués. En effet, les molécules toxiques font partie intégrante de notre environnement à commencer par le contenu de nos assiettes. Nos aliments concentrent une forte charge de pesticides, antibiotiques, additifs etc et nous apportent beaucoup de calories tout en accusant une faible densité micronutritionnelle.
Les vitamines et minéraux sont pourtant indispensables aux processus enzymatiques nécessaires aux fonctions de détoxination comme de détoxication. Nous respirons un air pollué, nous buvons une eau chlorée et fluorée ; nous nous enduisons de cosmétiques aux conservateurs hautement décriés. Nous manipulons des produits ménagers aux substances plus ou moins délétères. 80 000 produits chimiques sont actuellement utilisés aux Etats-Unis et dans l’Union Européenne.
Aux USA, environ 2000 nouvelles substances chimiques sont introduites chaque année dans nos produits de consommation. Beaucoup n’ont pas été testées pour leurs possibles effets défavorables sur la santé.
« On mange à peu près 36 pesticides par jour » selon le Pr Gilles Séralini rendu célèbre par son étude sur le Roundup.
Sachant que notre tractus digestif sera au contact d’environ 25 tonnes d’aliments au cours de notre vie, les toxiques provenant de notre alimentation sont largement majoritaires. Se résigner à vivre d’eau fraiche et d’air pur reste un vœu pieu au regard de la pollution atmosphérique majeure que nous subissons quotidiennement.
Pas moins d’1,3 million de personnes meurent chaque année en raison de la pollution de l’air des villes selon World Health Organization. Les mers et océans sont de véritables poubelles à l’image du 7° continent ou continent de plastiques formé à partir de milliers de tonnes de détritus plastiques drainés par les courants océaniques.
L’eau du robinet issue de nappes souterraines est le plus souvent traitée avec des produits à base de chlore, potentiellement délétères pour la santé, pour assurer potabilité et sécurité alimentaire.
Vous reprendrez bien un peu de détox ?
Que faire face à ce constat alarmant ? Nous comprenons qu’une bonne détox consiste à limiter l’intoxination et surtout l’intoxication de notre organisme en barricadant nos principales barrières que sont la peau et le système digestif.
Lorsque ces barrières sont violées, le caractère lipophile des xénobiotiques induit leur accumulation essentiellement dans la graisse, le cerveau et le foie.
Les jus de légumes et autres infusettes détox auront alors un effet plus que limité voire totalement inefficace pour éliminer de telles substances chimiques.
Toutefois, l’usage de plantes médicinales stimulant les voies hépatiques et urinaires trouvera tout son sens pour soulager les émonctoires surchargés notamment aux changements de saisons. La chélation de xénobiotiques et métaux lourds à l’aide de la phytothérapie pourra être intégrée à un protocole beaucoup plus complet mais restera inefficace à elle seule.
La détox sans intox
Favoriser la détox ne peut se réaliser qu’en limitant l’intox au quotidien. Pour ce faire, la stratégie principale consiste à adopter une alimentation de qualité biologique, fraiche, locale, de saison et non transformée afin d’écarter les additifs et pesticides. Les ustensiles de cuisine en inox restent la meilleure des options.
Le savon de Marseille (en paillettes), le vinaigre blanc et le bicarbonate de soude permettent d’entretenir son habitat de manière saine et efficace. Certaines applications (Yuka, Clean Beauty, Inci Beauty par exemple) orientent vers les cosmétiques contenant le moins de composés délétères.
Pour rappel, les produits appliqués sur la peau se retrouvent dans la circulation sanguine par absorption cutanée. Les hydrolats et les huiles végétales utilisés en soins corporels suffisent la plupart du temps.
Les vêtements de seconde main sont une bonne option car les lavages éliminent les substances problématiques. Les meubles d’occasion présentent l’avantage d’être dénués de composés toxiques déjà évaporés du fait de leur volatilité. Des gestes simples et faciles à adopter.
La détox au quotidien
Ces quelques mesures se révèlent bonnes pour votre santé, bonnes votre budget et bonnes pour la planète. Ainsi, limiter l’intox reste la meilleure manière de favoriser la détox au quotidien