Les conséquences d’un stress chronique représentent un sujet de recherche majeur combinant diverses disciplines dont la psychologie, la sociologie et la physiologie. Depuis les premiers travaux d’Hans Selye, la recherche sur le stress et les réponses au stress s’est considérablement développée. Nous savons maintenant que la réaction au stress chez l’homme est beaucoup plus compliquée que celle initialement proposée dans le « syndrome général d’adaptation ». Les situations stressantes ont de multiples facettes impliquant des processus cognitifs complexes résultant en une évaluation et une adaptation différente pour chaque individu et chaque situation.
Il n’y a pas une réponse mais des réponses au stress
La réponse au stress fait intervenir plusieurs systèmes, la réaction physiologique n’étant que l’un d’entre eux. Les réponses cognitives, émotionnelles et comportementales sont également importantes dans le tableau général de la réponse globale au stress.
La réaction physiologique au stress implique plusieurs systèmes endocriniens étroitement liés les uns aux autres, dont l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien et l’axe hypothalamo-hypophyso-thyroïdien. Elle déclenche également des réponses immunologiques complexes, ainsi que la libération d’hormones diverses dont le cortisol. Mais l’implication de ces différents systèmes diffère selon les personnes.
Nous réagissons donc tous différemment au stress, car de nombreux facteurs nous distinguent : premières expériences de vie, facteurs sociaux, personnalité, états de stress chronique ou encore psychopathologie éventuelle.
Contrairement à ce que l’on croyait, les conséquences d’un stress ne sont donc pas les mêmes pour tous, physiquement comme psychologiquement. Nous sommes tous différents, par notre génétique, notre histoire, notre environnement (social, écologique, alimentaire…) : nous répondons donc différemment aux stress. Nous n’avons pas les mêmes capacités d’adaptation.
Mais si aujourd’hui il n’y a plus de doute sur le fait que nous ne réagissons pas tous de la même façon au stress aigu et ponctuel, il a aussi été clairement démontré que l’exposition a un stress perçu comme chronique est un contributeur important à plusieurs problèmes de santé, notamment les maladies cardiovasculaires et la dépression.
Du stress chronique au burn out
Pour certaines personnes plus vulnérables, ayant des capacités de résilience plus faibles, le stress chronique peut mener au burn out.
Ce terme des années 70 décrit initialement un épuisement émotionnel et une perte d’engagement et de motivation chez les personnes travaillant avec des patients ou des clients. A l’origine, la recherche sur le burn out portait donc sur les études interpersonnelles dans le cadre professionnel, mais pas sur la réponse individuelle au stress ou sur ses conséquences plausibles sur la santé.
Au cours des années 1980, d’autres chercheurs ont approfondi la base théorique du burn out et différentes définitions et concepts sont apparus. Dans le concept le plus largement utilisé, défini à l’origine par Maslach2, le burn out est décrit comme ayant trois dimensions clés : un épuisement émotionnel accablant, une dépersonnalisation et un sentiment d’inefficacité et de manque d’accomplissement personnel.
Plusieurs autres définitions ont ensuite été proposées avec ou sans dépersonnalisation, mais toutes mettent l’accent sur l’épuisement comme principale composante du burn out.
Burn out et suicides au travail ont été largement médiatisés ces dernières décennies. De nombreuses entreprises ont ainsi pris conscience de ce mal être au travail et ont préféré réagir intelligemment en développant le bien être des salariés.
Aujourd’hui, nous pouvons sortir le burn out de la sphère exclusivement professionnelle et le définir comme l’ensemble des symptômes d’épuisement dus à une exposition prolongé à toute situation émotionnellement exigeante1.
Deux notions clés sont à retenir de ce qui précède : le burn out est la conséquence d’une exposition prolongée (donc chronique) à un stress émotionnel, et nous ne sommes pas tous égaux quant à nos capacités de résistance sur le long terme à ce stress.
Burn-out : des conséquences physiques et psychologiques
Des études ont permis de caractériser les conséquences physiques et psychologiques du burn out.
Ainsi, souffrir d’un burn out augmente les risques d’hypercholestérolémie, de diabète de type 2, de maladies cardiovasculaires, de douleurs musculosquelettiques, de fatigue chronique, de maux de tête, de problèmes gastro-intestinaux, de problèmes respiratoires et au final d’une mortalité accrue.
Les conséquences psychologiques ne sont pas en reste : insomnie, symptômes dépressifs, utilisation de médicaments psychotropes et antidépresseurs, et même hospitalisation pour troubles mentaux.
Autant d’indicateurs d’un mal-être chronique important, dont les répercussions sur la santé physique sont conséquentes.
Pour ne pas en arriver là, deux grandes stratégies complémentaires, s’offrent à nous :
- Renforcer nos capacités de résistance
- Diminuer le stress qui nous assaille
Mieux résister au stress chronique pour éviter le burn out
Renforcer nos capacités de résistance
Ce travail personnel et interne concerne deux aspects : psychologique et physique.
Un travail psychologique et mental peut permettre de prendre du recul vis-à-vis de la situation stressante, de modifier notre état d’esprit, de nous reconnecter à ce qui compte vraiment. Il peut être préférable de se faire accompagner par des thérapeutes adéquates (psychologue, hypnothérapeute, sophrologue, coach de vie… selon ses sensibilités et sa situation personnelle).
Notre résistance dépend aussi de notre état physique. Un sommeil réparateur, une activité physique régulière et suffisante et une alimentation de qualité, en plus du travail psychologique évoqué précédemment, sont les facteurs incontournables à prendre en compte dès lors que l’on souhaite améliorer nos capacités de résistance au stress.
L’alimentation notamment doit apporter les nutriments indispensables au bon fonctionnement de notre cerveau : protéines suffisantes, bonnes graisses (en particulier omégas 3), vitamines et minéraux nécessaires au fonctionnement des neurones (vitamines du groupe B et vitamine D en particulier). On pensera également à éviter les excitants (tabac, café en excès) et alcool, qui certes semblent nous aider sur le moment, mais entretiennent la surexcitation neuronale, favorisent l’épuisement des réserves en micronutriments corporels et in fine l’épuisement.
Il existe également des aides complémentaires, comme la phytothérapie, qui, si elles ne se substituent pas à une bonne hygiène de vie, peuvent nous aider.
Les plantes adaptogènes en particulier peuvent représenter une aide précieuse. La rhodiole, ou orpin rose, en est un bon exemple. Originaire des régions froides, cette plante est traditionnellement utilisée par les médecines traditionnelles russe et scandinave, par les Inuits et les Lapons, pour augmenter les performances physiques et diminuer la fatigue. Depuis, plusieurs études in vitro et cliniques sont venues confirmer les propriétés de la plante : dont amélioration des capacités intellectuelles, activités antidépressive et neuroprotectrice, diminution de la fatigue en cas de stress chronique4 et amélioration des performances physiques.
Diminuer le stress qui nous assaille
Cependant, ce qui précède ne peut remplacer une vraie pause dans ce quotidien intenable sur le long terme. Seul ou accompagné, il peut être nécessaire de faire un point objectif sur la situation. En particulier, un travail sur le sens que l’on donne à sa vie, sur ses valeurs et ses objectifs de vie peut se révéler réellement salutaire.
Il est intéressant de noter que de nombreuses personnes changent totalement de vie (professionnelle, géographique, sociale…) après un burn out, pour aller vers une vie plus inspirante. Est-on obligé pour ce faire d’attendre un burn out ?
Sources :
- Jonsdottir I.H. & Sjörs Dahlman A. 2019. Endocrine and immunological aspects of burnout: a narrative review. Eur. J. Endocrino. 180:147-158.
- Maslach C. 1976. Burned-out. Human Behaviour, 5:16–22.
- Salvagioni D. et al. 2017. Physical, psychological and occupational consequences of job burnout: a systematic review of prospective studies. PLoS ONE 12(10):e0185781.
- Olsson E.M. et al. 2009. A randomised, double-blind, placebo controlled, parallel-group study of the standardised extract shr-5 of the roots of Rhodiola rosea in the treatment of subjects with stress-related fatigue. Planta Med.75(2):105-12.
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